Démocratie, droit des peuples, liberté, guerre civile…,
la question de l'indépendance de la Catalogne nous interpelle, mais elle est
embrouillée, me semble-t-il, par certaines confusions qui imposent d’abord une
élucidation conceptuelle. L'indépendance
est la sortie d'un état de subordination, de sujétion, de domination ou
d'oppression. L'autonomie est la
capacité de se donner ses propres lois, ses propres normes. Présentée ainsi,
l'indépendance semble être une condition nécessaire de l'autonomie. Cependant
il faut déjà être un certain degré d’autonomie pour réclamer son indépendance.
Il y a donc une relation dialectique entre ces deux notions, compliquée par le
fait qu’elles sont forcément relatives, l’interdépendance et l’hétéronomie constituant
la condition nécessaire de toute chose.
Ceci étant posé, que penser de l’affaire catalane ?
Le principe d’autodétermination est aujourd’hui reconnu par le droit
international. Cependant son application s’avère extrêmement compliquée du fait
que ce principe flou
s'oppose à un autre grand principe, celui d'intégrité territoriale, et qu’il y a
conflit entre les différentes interprétations du mot « peuple ».
Ainsi il faut juger au cas par cas au regard d’exemples canoniques, en procédant
d’abord par exclusion. La situation présente
n'a rien à voir avec :
- l'affrontement entre la Catalogne républicaine et
l'Espagne franquiste,
- la libération du joug d'un Etat colonisateur - comme l'Algérie -, ou oppresseur - comme l'Arménie,
- l’intégration forcée dans un Etat hétérogène né à la
suite d’un conflit majeur comme l’ex-Yougoslavie,
- la sécession sur fond d’insurrection révolutionnaire,
comme la Commune de Paris.
La Catalogne est une région riche qui jouit d'une
autonomie très étendue, dans le cadre d'un Etat unifié depuis des siècles. Le
fond de l’affaire apparaît donc selon moi comme un mélange d’égoïsme fiscal et
de revendication identitaire nationaliste, dramatisé par la maladresse
pathétique d’un gouvernement espagnol complètement dépassé par l’évènement. La
seule issue satisfaisante ne peut être qu’un véritable processus démocratique, tant
les 90% de « OUI » du référendum font plutôt craindre la menace d’une
dictature nationaliste catalane.
L’autonomie est l’essence de la liberté, l’indépendance n’en est qu’une
condition.
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