Voilà une question bien saugrenue
tant l’existence de partis exprimant la diversité des options politiques nous
semble a priori indissociable de l’idée même de démocratie. Mais face à la
montée en puissance de la défiance vis à vis du système et la généralisation du
sentiment d’une crise profonde de la représentation, il faut prendre au sérieux
l’idée qu’exprimait déjà Simone Weil en 1943 : les partis politiques sont
le problème et non la solution :
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Les partis politiques
visent avant tout leur propre perpétuation. Devenus des syndicats d’élus, l’idée
de bien commun est pour eux secondaire vis-à-vis de leur objectif premier :
la conquête et la conservation de postes de pouvoir.
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Selon les
types de scrutin, les partis politiques réduisent les enjeux à une question de
personne, ou inversement à une confrontation désincarnée entre des doctrines
politiques générales : le socialisme, le libéralisme, le souverainisme, le
nationalisme, l’écologisme,… Doctrines sensées apporter des réponses toutes faites
à tous les problèmes de la société : du chômage à la politique européenne,
en passant par la pollution, la laïcité ou la carte scolaire…
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Etant donné
que pour mobiliser, il vaut mieux jouer sur les passions que sur la raison, les
partis politiques exacerbent les passions individuelles et collectives,
soulageant les citoyens, réduits à des parts de marché électoral, de l’effort
de faire usage de leur raison. Ce dernier point me paraît le plus dommageable.
Au cœur de l’idée de démocratie se
trouve la notion de Volonté générale,
qui s’appuie sur la raison, la délibération, la participation active des
citoyens, et fait que les intérêts particuliers opposés se dissolvent en s’annulant
mutuellement. Elle émane du collectif des citoyens, et s’oppose au Peuple dont l’unité ne peut se produire
que sous l’effet de passions collectives dévastatrices, purement réactives, et
soumises au désir d’immédiateté. Les partis n’en appellent jamais à la Volonté générale qu’ils ne peuvent
contrôler, mais toujours au Peuple
qu’ils mobilisent et instrumentalisent à leur profit. Les partis sont le
problème et non la solution.