jeudi 16 mars 2017

Faut-il supprimer les partis politiques ?



Voilà une question bien saugrenue tant l’existence de partis exprimant la diversité des options politiques nous semble a priori indissociable de l’idée même de démocratie. Mais face à la montée en puissance de la défiance vis à vis du système et la généralisation du sentiment d’une crise profonde de la représentation, il faut prendre au sérieux l’idée qu’exprimait déjà Simone Weil en 1943 : les partis politiques sont le problème et non la solution :
-       Les partis politiques visent avant tout leur propre perpétuation. Devenus des syndicats d’élus, l’idée de bien commun est pour eux secondaire vis-à-vis de leur objectif premier : la conquête et la conservation de postes de pouvoir.
-       Selon les types de scrutin, les partis politiques réduisent les enjeux à une question de personne, ou inversement à une confrontation désincarnée entre des doctrines politiques générales : le socialisme, le libéralisme, le souverainisme, le nationalisme, l’écologisme,… Doctrines sensées apporter des réponses toutes faites à tous les problèmes de la société : du chômage à la politique européenne, en passant par la pollution, la laïcité ou la carte scolaire…
-       Etant donné que pour mobiliser, il vaut mieux jouer sur les passions que sur la raison, les partis politiques exacerbent les passions individuelles et collectives, soulageant les citoyens, réduits à des parts de marché électoral, de l’effort de faire usage de leur raison. Ce dernier point me paraît le plus dommageable.

Au cœur de l’idée de démocratie se trouve la notion de Volonté générale, qui s’appuie sur la raison, la délibération, la participation active des citoyens, et fait que les intérêts particuliers opposés se dissolvent en s’annulant mutuellement. Elle émane du collectif des citoyens, et s’oppose au Peuple dont l’unité ne peut se produire que sous l’effet de passions collectives dévastatrices, purement réactives, et soumises au désir d’immédiateté. Les partis n’en appellent jamais à la Volonté générale qu’ils ne peuvent contrôler, mais toujours au Peuple qu’ils mobilisent et instrumentalisent à leur profit. Les partis sont le problème et non la solution.