vendredi 6 janvier 2017

Que faire du libéralisme ?




On demande spontanément aux gens s'ils sont "de droite" ou "de gauche", on leur demande rarement s'ils sont libéraux ou antilibéraux. Or cette question semble essentielle aujourd’hui car elle contrarie le partage classique droite/gauche entre les quatre forces qui monopolisent le jeu politique. En effet, celles-ci se divisent aussi entre libéraux et antilibéraux, soit une droite et une gauche libérales - PS et LR -, une droite et une gauche antilibérales - les deux "Fronts ", FN et FG. Le fait que les antilibéraux se constituent en "Front" est évidemment révélateur de la difficulté à affronter le libéralisme, tant ses principes de base imprègnent la société et les institutions. Par ailleurs ce schéma se complique encore si l'on prend en compte les deux dimensions du libéralisme, politique et économique.
Le libéralisme politique est fondé sur l'égalité des droits, la limitation du pouvoir de l'Etat et sa neutralité morale qui rend légitimes les libertés individuelles de croyance et d'expression.
Le libéralisme économique est fondé sur la liberté de contracter, d'échanger et d'entreprendre, sans intervention abusive de l'Etat. 
L'antilibéralisme est une notion ambigüe car il s'oppose tantôt à l'une, tantôt à l'autre, tantôt aux deux dimensions du libéralisme.
On peut donc envisager quatre positions : les libéraux intégraux, les antilibéraux intégraux, les antilibéraux politiques, et les antilibéraux économiques. Il n'y a plus en France aujourd'hui de force politique intégralement antilibérale – comme l’étaient les fascistes ou les communistes. Le PS et LR partagent un point de vue libéral intégra : libéralisme social à droite, socialisme libéral à gauche. C'est d'ailleurs cette proximité idéologique qui brouille l'opposition entre le PS et LR, et entretient l'idée -fausse - que le clivage gauche/droite n'est plus pertinent. Le Front national est la fois libéral économiquement et antilibéral politiquement, alors qu’a contrario le Front de gauche est libéral politiquement mais antilibéral économiquement.
La position la plus difficile à tenir est pourtant celle qui me semble la plus pertinente aujourd’hui : préserver les acquis du libéralisme politique, tout en s’attaquant à la face obscure du libéralisme économique : le capitalisme, qui détruit la nature, les cultures et colonise les esprits.

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