On demande
spontanément aux gens s'ils sont "de droite" ou "de
gauche", on leur demande rarement s'ils sont libéraux ou antilibéraux. Or
cette question semble essentielle aujourd’hui car elle contrarie le partage
classique droite/gauche entre les quatre forces qui monopolisent le jeu
politique. En effet, celles-ci se divisent aussi entre libéraux et antilibéraux,
soit une droite et une gauche libérales - PS et LR -, une droite et une gauche
antilibérales - les deux "Fronts ", FN et FG. Le fait que les antilibéraux
se constituent en "Front" est évidemment révélateur de la difficulté
à affronter le libéralisme, tant ses principes de base imprègnent la société et
les institutions. Par ailleurs ce schéma se complique encore si l'on prend en
compte les deux dimensions du libéralisme, politique et économique.
Le
libéralisme politique est fondé sur l'égalité des droits, la limitation du
pouvoir de l'Etat et sa neutralité morale qui rend légitimes les libertés
individuelles de croyance et d'expression.
Le
libéralisme économique est fondé sur la liberté de contracter, d'échanger et
d'entreprendre, sans intervention abusive de l'Etat.
L'antilibéralisme
est une notion ambigüe car il s'oppose tantôt à l'une, tantôt à l'autre, tantôt
aux deux dimensions du libéralisme.
On peut donc
envisager quatre positions : les libéraux intégraux, les antilibéraux
intégraux, les antilibéraux politiques, et les antilibéraux économiques. Il n'y
a plus en France aujourd'hui de force politique intégralement antilibérale –
comme l’étaient les fascistes ou les communistes. Le PS et LR partagent un
point de vue libéral intégra : libéralisme social à droite, socialisme
libéral à gauche. C'est d'ailleurs cette proximité idéologique qui brouille
l'opposition entre le PS et LR, et entretient l'idée -fausse - que le clivage
gauche/droite n'est plus pertinent. Le Front national est la fois libéral
économiquement et antilibéral politiquement, alors qu’a contrario le Front de
gauche est libéral politiquement mais antilibéral économiquement.
La position
la plus difficile à tenir est pourtant celle qui me semble la plus pertinente
aujourd’hui : préserver les acquis du libéralisme politique, tout en s’attaquant
à la face obscure du libéralisme économique : le capitalisme, qui détruit
la nature, les cultures et colonise les esprits.
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