La gauche a quelque chose
d’exaspérant voire désespérant pour ceux qui sont attachés à ses principes de base ;
la gauche, ou plutôt une certaine mentalité de gauche, dont les voix
officielles seraient France Inter, Libération et Télérama. Sa propension à se
percevoir comme le « Camp du Bien » disqualifie immédiatement tout
adversaire comme un salaud, un beauf, ou un égoïste rétrograde et bas du front.
Ainsi, bonne conscience et bien-pensance sont les attributs d’un esprit de
gauche paresseux mais tellement commun, l’un expliquant l’autre sans doute.
Le démocrate radical ne peut que s’insurger contre cet
impérialisme idéologique, en effet une société libre et ouverte implique une
diversité de conceptions quant à la juste répartition des richesses, quant aux
biens communs ou aux limites à l’intervention de l’Etat. D’ailleurs ceux que la
doxa de gauche a désignés comme « nouveaux réactionnaires » sont
souvent bien plus stimulants que ses discours paresseux et convenus.
Le véritable esprit de gauche ne peut que s’insurger
contre cette tartuferie qui trahit l’héritage des luttes et des conquêtes
sociales, en effet la gauche dite « de gouvernement » s’est résignée
au principe Tina (There is no alternative), le calamiteux « il n’y a pas
d’alternative ». Autrement dit, le progressisme de gauche qui luttait
contre le « vieux monde » s’est métamorphosé en son exact
opposé : l’exhortation à s’adapter au monde tel qu’il est. Ce faisant, il
a abandonné la lutte contre la sauvagerie capitaliste qui conjugue
l’exploitation du travail, le pillage de la planète, la destruction de la
nature, l’aliénation consumériste et le règne déshumanisant de la marchandise.
Qu’est-ce qu’un esprit de gauche exigeant ? La
conjugaison extrêmement délicate de cette lutte à mener plus que jamais, et de
la régénération plus que jamais nécessaire de la démocratie. Deux exigences peut-être
opposées, mais certainement indissociables.