L’élection n’est
pas le critère distinctif spécifique de la démocratie. En effet, comme le disait
Montesquieu, « Le suffrage par le
sort est de la nature de la démocratie, le suffrage par le choix est celle de l’aristocratie ».
Mais l’indigence flagrante de notre classe politique ne permet d’en faire une « élite »
ni du point du vue intellectuel ni du point de vue du courage ou de la morale. La
5ème République est bien plutôt une monarchie élective, comme celle
qui avait cours chez nos ancêtres les Gaulois. Qu’est-ce qui distingue un chef
d’Etat démocratique et un monarque ? L’étendue de son pouvoir, l’obligation
de rendre des comptes sur ses actes, notamment ses accords plus ou moins
formels avec des chefs d’Etats étrangers. Dans une monarchie constitutionnelle,
les pouvoirs du monarque sont définis et limités par une Constitution, alors
que ceux d’un despote ne sont limités par aucune instance supérieure. Cependant
le monarque n’a aucun compte à rendre - devant le parlement notamment - son
pouvoir est discrétionnaire, tant qu’il n’outrepasse pas les limites de la
Constitution. Ainsi en est-il de nos Rois-Présidents de 5ème République.
Ils ont un pouvoir exorbitant, sans obligation de rendre des comptes devant qui
que ce soit durant la durée de leur mandat, et sans contre-pouvoir, du moins tant
que la majorité parlementaire est de leur bord.
Le monarque
républicain a été institué pour incarner l’unité de la Nation, renforcer au
maximum le pouvoir exécutif, avec une légitimité très forte puisqu’elle émanait
de la majorité du corps électoral. Aujourd’hui le monarque est un colosse aux
pieds d’argiles : sa base électorale se situant entre 20 et 30% maximum, son
pouvoir d’agir est d’une part limité dans le cadre des instances européennes, d’autre
part fragilisé car il se fait désormais systématiquement dans un affrontement
avec le « peuple de droite » - la manif pour tous – ou le « peuple
de gauche » – Nuit debout.
La monarchie
républicaine est donc aujourd’hui une coquille vide, dont le seul mérite est la
kermesse électorale qui, tous les cinq ans, réanime le corps électoral, lui
permet d’exprimer des idées et des projets, qui seront lettre morte quand la fête
sera finie. Rendez-vous dans 5 ans pour la prochaine kermesse. En attendant
notre monde s’effondre du point de vue social et écologique… mais le spectacle
continue !