samedi 2 janvier 2016

Que penser de la déchéance de nationalité ?




    


Ce débat paraît bien dérisoire au vu des périls qui nous menacent, mais je pense qu’il est une occasion de réfléchir à la citoyenneté. Être citoyen, ce n’est pas répondre simplement oui ou non à une question posée à chaud, ce n’est pas réagir avec ses tripes face à la haine, ce n’est pas accepter que les sondages guident les politiques. D’ailleurs c’est bien les malades que l’on sonde, pour les nourrir, les calmer et faire parler leur corps, car selon une vision étroitement rationnelle de la médecine, le malade n’a rien d’utile à dire au médecin, si ce n’est répondre oui ou non à ses questions. Le grand corps malade c’est le peuple, en état de choc émotionnel et d’apathie électorale, et les médecins qui l’auscultent, nos technocrates élus comme on choisit un praticien.
La question de la déchéance de nationalité concerne à mon avis doublement la citoyenneté.
D’abord il faut se rappeler que la nationalité et la citoyenneté sont deux qualités distinctes, la première est purement juridique alors que la seconde a une dimension éminemment symbolique, politique et morale. Or il me semble que c’est bien sur ce terrain qu’il faut d’abord lutter contre le fanatisme. Ainsi il serait beaucoup plus pertinent et efficace, outre la déchéance des droits civiques, d’utiliser les concepts de trahison et d’intelligence avec l’ennemi, qui permettent d’ailleurs juridiquement de prononcer des peines aggravées. Considérer que la déchéance des droits civiques n’a pas à en elle-même un poids suffisant, en dit long sur le peu de considération qu’ont nos technocrates pour la citoyenneté réduite à la transhumance électorale à date fixe vers les bureaux de vote.
Il y a un deuxième aspect de la question, au fond plus grave. La technocratie s’arroge le droit de modifier la constitution sans en référer aux citoyens juste bons à être sondés, et donc considérés comme incapables de délibérer. Or les bruits de bottes que l’on entend doivent titiller les oreilles des démocrates de tous bords. Deux réformes sont à mon avis essentielles : la possibilité du référendum d’origine populaire, et l’impossibilité de modifier la constitution sans en passer par le référendum. La démocratie n’est pas un état, c’est un processus.


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