L’affaire
Volkswagen apparaît comme un scandale, une anomalie, une entorse aux règles qui
encadrent le monde de l’économie. Mais il faudrait plutôt l’interpréter comme un
symptôme révélateur du pouvoir exorbitant qu’exercent les grandes firmes
transnationales dans les sphères politique, sociale, économique et écologique. Il
serait alors légitime de leur appliquer le concept de totalitarisme. Celui-ci se définit habituellement ainsi : Système politique dans lequel l'État, au nom
d'une idéologie, exerce une mainmise sur la totalité des activités
individuelles. En l’occurrence, les Etats semblent eux-mêmes soumis au joug
des grandes firmes… tant qu’un scandale étalé sur la place publique ne les
force pas à réagir pour maintenir l’illusion qu’ils sont encore les garants de
la souveraineté des peuples.
Mais l’emprise totalitaire des grandes firmes s’exerce beaucoup
plus fondamentalement sur l’esprit des individus, à travers le marketing et son
bras armé : la publicité. La marque, tout comme brand en anglais, désigne d’abord un signe appliqué sur un objet
pour en indiquer la propriété, par exemple le marquage du bétail au fer rouge. Ainsi,
d’une façon parfaitement explicite, l’objet « marqué » par la grande
firme, c’est d’abord et avant tout celui qu’elle produit au-delà d’une camelote
à l’obsolescence programmée : le consommateur. Le totalitarisme des grandes
firmes se perpétue et d’amplifie par deux mouvements concomitants : la
transformation en marchandises de toutes les activités et valeurs, et celle du citoyen
soucieux du bien commun en consommateur égoïste et infantilisé.
L’actualité illustre le pouvoir qu’exercent les grandes
firmes jusque sur le langage lui-même transformé en novlangue : Clean diesel ! Comme le disait Spinoza :
« Certes le jugement d’un homme peut
être subjugué de bien des façons et à un point presque incroyable… »
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