Être juif ou
ne pas l’être ? Question d’actualité, de vie ou de mort parfois, question
de culture, de religion, de nationalité, de race… ?
Je n’ai pas
été élevé dans la culture juive, ni dans la foi judaïque, je ne suis pas citoyen
d’Israël, pourtant des nazis ou des islamistes n’hésiteraient pas une seconde
sur l’objectivité indubitable de ma judéité : ma mère est juive, et mon
père aussi en plus ! Bang, une balle dans la nuque, ou un égorgement au
couteau de boucher !
« Juif »
serait-ce donc une « race » ? L’idée seule donne la nausée.
Disons alors
qu’être juif c’est s’inscrire dans la généalogie d’un peuple. Autrement dit,
mes ancêtres étant juifs, je suis juif. Mais ce trait distinctif dit-il quelque
chose sur ma personnalité, mes goûts, mes orientations politiques ou
philosophiques ? Je prétends que non. Alors puis-je abandonner aux autres,
et particulièrement aux méchants, le pouvoir de me nommer, me qualifier, me définir ?
Assurément non ! L’alternative se formulerait alors ainsi :
-
Soit
je nie être juif, refusant de me laisser enfermer dans une identité instrumentalisée
par d’autres ;
-
Soit
j’assume cette identification par solidarité avec ceux qu’on assassine encore
et toujours ;
-
Soit
j’essaie de lui donner un sens positif face à la pure négativité des
antisémites.
La première
option s’apparente à une désertion face à l’ennemi. La seconde est impersonnelle :
nous sommes tous juifs… grâce à Merah, Kouachi, Coulibaly et autres danois. La
troisième renvoie à l’éternelle question : que signifie le nom
« juif » ?
Le nom d’une
continuation inlassable de l’étude pharisienne du texte, et donc du
questionnement intellectuel.
Le nom de celui
qui prend, partout où il est, le pouls de l’humanité de ses compatriotes ;
Le nom du
survivant qui vit malgré la disparition de tant des siens au läger ;
Le nom qui
exige de celui qui le porte, la solidarité avec tous les déracinés de la terre.
Alors oui, je
suis juif !