La question de
la gestation pour autrui – g.p.a. – pose problème à l’évidence. Pour y voir
plus clair, il faudrait d’abord distinguer ce qui relève de la psychologie de
l’enfant, ce qui est socialement choquant, ce qui devrait être interdit ou
encadré par la loi, et enfin ce qui serait condamnable d’un point de vue moral.
Je ne connais
aucune évidence qui se dégage du point de vue médico-psychologique qui
permettrait de trancher pour ou contre la g.p.a. Il en est de même du point de
vue social, les sondages sur l’acceptabilité de la g.p.a. donnant des résultats
contradictoires. Quant au point de vue politique, il est complètement embrouillé
par la pusillanimité de la « classe politique », en pleine crise de
confiance.
Il reste le
dernier point qui peut et doit être discuté. Quels principes permettent de
juger l’acceptabilité de la g.p.a. ? Etant donné la pluralité des doctrines
morales, il convient selon moi de ne retenir qu’un seul principe sur lequel
tous peuvent s’accorder, le principe de morale minimale : ne pas nuire objectivement à autrui. Cependant,
pour guider l’action dans une société ouverte, laïque, dans laquelle plusieurs
conceptions morales coexistent, il faut également prendre en compte au moins deux
principes éthiques :
Le principe
d’autonomie : 1) la libre
disposition de son corps, 2) la
liberté de contracter entre individus autonomes.
Le principe de
justice : a) la protection des
faibles, b) la non-marchandisation du
corps, principe qui découle du précédent.
La non-nuisance à autrui ne peut guère être
invoquée ici, sauf à prendre en compte un point de vue psycho-anthropologique
fumeux qui prédit l’effondrement de la civilisation, ou bien une nuisance pour
l’enfant à naître, qui n’est, à ma connaissance, étayée par aucune étude. Ainsi,
le rejet de la g.p.a. se fait le plus souvent au nom du principe de justice,
faisant fi du principe d’autonomie : les mères gestatrices, uniquement
mues par l’appât du gain, seraient de fait réduites à la condition d’un utérus
à louer – ce qui est effectivement le cas dans la plupart des pays qui
autorisent la g.p.a..
Or si cette façon
d’envisager la g.p.a. est à craindre, elle n’a rien d’inéluctable. Autrement
dit, si la loi encadre fermement ce qui ne doit être qu’exceptionnel, une
logique du don, moralement justifiée, peut l’emporter : la g.p.a. ne
serait envisageable et acceptable que pour un couple stérile, pour lequel la
p.m.a. serait impossible, la mère gestatrice ne pouvant être qu’un membre de la
famille ou une amie proche, ayant déjà eu un enfant, ayant un revenu supérieur
ou égal aux « demandeurs », et de façon totalement gratuite.