L’Ukraine et
le genre… La révolution et l’éducation se télescopent dans l’actualité, voisinage
plein de sens. Ex-ducere, tirer d’un état originaire – la caverne - ; Re-volvere,
revenir à son point d’origine… La révolution ramène-t-elle les individus dans
la caverne … ou bien là où l’éducation les lâche ? Deux cas de figure
radicalement différents… même s’il y a toujours un peu des deux en tout révolutionnaire,
à la fois l’enfant capricieux qui veut tout, tout de suite, et le jeune
idéaliste qui refuse de se soumettre au principe de réalité… Entre l’enfant et
le jeune, un fossé : l’éducation. Ainsi, toute éducation aboutit à un certain
potentiel révolutionnaire, que le cours de l’Histoire révèle, ou pas, attise ou
étouffe… Comme Rousseau nous l’enseigne, il faut éduquer Emile avant
d’envisager le Contrat social… Inversement, toute révolution révèle ce que vaut
l’éducation qui l’a précédée : a –t-elle renforcé les stéréotypes de la
caverne, ou donné des repères pour s’en émanciper ?
Les
stéréotypes sont toujours du côté d’un ordre établi : la coïncidence de ce
qui est, ce qui paraît être et ce qui doit être… Tout est bien ainsi puisque
c’est ainsi !
Les repères
sont les outils de l’émancipation vis-à-vis de l’ordre établi car,
contrairement aux stéréotypes, ils dissocient l’être et l’apparence, le fait et
le droit.
La polémique
sur le genre tient pour beaucoup à une confusion entre stéréotypes et repères,
deux points fixes concernés par l’éducation… mais d’un genre diamétralement
opposé. Les premiers sont les piliers de la caverne : le prêt-à-penser, les
préjugés, les ornières mentales creusées et solidifiées au fil des générations,
ils sont des obstacles à l’éducation. Ils s’acquièrent par contagion,
inconsciemment et sans effort.
Les seconds
sont les gonds autour desquels la pensée critique pourra se développer,
volvere, revolvere… La langue, la grammaire, l’orthographe, l’esprit
scientifique, les mathématiques, l’Histoire,… Ils sont les conditions de l’émancipation.
Ils s’acquièrent par un enseignement explicite, et jamais sans effort…
La révolution
des stéréotypes est régressive, celle des repères est propulsive.