samedi 11 janvier 2014

Tout peut-il se dire ?

La mise en scène médiatique de l'indignation bien pensante révèle une fois encore la collusion d'intérêt entre ceux qui font commerce de l'outrance verbale, et ceux qui en profitent pour accroître leur pouvoir. Ainsi, le partage entre ce qui peut se dire et ce qui ne peut pas se dire, a toujours été la prérogative des princes et des censeurs zélés qui les servent. Par ailleurs, les motifs actuels de la limitation de l'expression publique de l'opinion, pourraient tout à fait convenir à n'importe quel régime politique, même le plus autoritaire, tant leur contenu est indéterminé : le trouble à l'ordre public et l'atteinte à la dignité de la personne humaine. Enfin, dans une société où le niveau d'éducation moyen est aussi élevé, vouloir à tout prix protéger l'esprit des citoyens de certaines opinions jugées indignes, n'est-ce pas les prendre pour des zombies décérébrés, incapables de juger par eux-mêmes?
Tout peut-il se dire ? Toute opinion, aussi aberrante soit-elle, peut-elle s'exprimer dans l'espace public? 
La réponse affirmative est la marque des esprits forts, qui n'ont pas peur des idées générales, et qui savent que les entités abstraites - les religions, les cultures, les supposées races, les nations... - ne sont qu'abusivement assimilées à des personnes auxquelles on pourrait "nuire" par tel ou tel propos. Ainsi le seul cas où l'expression publique individuelle est condamnable, est la nuisance objective à autrui : la diffamation, l'atteinte à la vie privée, l'appel au meurtre,... 
L'indignation contre les pitres professionnels qui, comme Dieudonné, viennent régulièrement défrayer la chronique, ne sert en fait qu'à consolider le pouvoir exorbitant du système médiatico-publicitaire en matière de formatage des esprits.  
Aucune idée n'est a priori irrecevable, même la plus aberrante, même la plus odieuse... Rien n'est sacré, tout peut se dire. 

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