La
mise en scène médiatique de l'indignation bien pensante révèle une fois
encore la collusion d'intérêt entre ceux qui font commerce de
l'outrance verbale, et ceux qui en profitent pour accroître leur
pouvoir. Ainsi, le partage entre ce qui peut se dire et ce qui ne peut
pas se dire, a toujours été la prérogative des princes et des censeurs
zélés qui les servent. Par ailleurs, les motifs actuels de la limitation
de l'expression publique de l'opinion, pourraient tout à fait convenir à
n'importe quel régime politique, même le plus autoritaire, tant leur
contenu est indéterminé : le trouble à l'ordre public et l'atteinte à la
dignité de la personne humaine. Enfin, dans une société où le niveau
d'éducation moyen est aussi élevé, vouloir à tout prix protéger
l'esprit des citoyens de certaines opinions jugées indignes, n'est-ce
pas les prendre pour des zombies décérébrés, incapables de juger par
eux-mêmes?
Tout peut-il se dire ? Toute opinion, aussi aberrante soit-elle, peut-elle s'exprimer dans l'espace public?
La
réponse affirmative est la marque des esprits forts, qui n'ont pas peur
des idées générales, et qui savent que les entités abstraites - les
religions, les cultures, les supposées races, les nations... - ne sont
qu'abusivement assimilées à des personnes auxquelles on pourrait
"nuire" par tel ou tel propos. Ainsi le seul cas où l'expression
publique individuelle est condamnable, est la nuisance objective à
autrui : la diffamation, l'atteinte à la vie privée, l'appel au meurtre,...
L'indignation
contre les pitres professionnels qui, comme Dieudonné, viennent
régulièrement défrayer la chronique, ne sert en fait qu'à consolider le
pouvoir exorbitant du système médiatico-publicitaire en matière de
formatage des esprits.
Aucune idée n'est a priori irrecevable, même la plus aberrante, même la plus odieuse... Rien n'est sacré, tout peut se dire.
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