jeudi 24 octobre 2013

De quoi Leonarda est-elle le symptôme ?



Leonardo et Leonarda sont dans un bateau, Leonardo di Caprio en première classe, en croisière, un jour ici, demain ailleurs, au gré des opportunités, Leonarda du Kosovo en troisième classe, assignée à résidence, un jour ici, demain ailleurs, au gré des expulsions…
Vous ne trouvez pas qu’ils ressemblent étrangement à des Roms, ces Kosovars ? Menteurs, voleurs, profiteurs… bref, in-intégrables ? Nous y voilà ! On ne demandera jamais à Leonardo de s’intégrer, son sourire lui servant de visa universel ; a contrario, Leonarda aura beau sourire, elle est définitivement in-intégrable.
Intégration… terme dual : intégrer quelqu’un ou quelque chose, c’est le modifier pour le faire sien, l’assimiler, mais aussi accepter qu’il nous modifie, et donc par lui de devenir autre… Ainsi en est-il de l’intégration d’un savoir dans un esprit, ou celle d’un étranger dans un pays… les deux cas impliquent un mouvement de transformation réciproque. Or, en l’occurrence, la France, en panique identitaire, est en crise d’intégration de ses musulmans, alors normal que les Roms et les Kosovars ne passent pas. Aujourd’hui, comme toujours, les derniers étrangers arrivés, servent de boucs émissaires : les coupables sacrificiels par lesquels un groupe réussit à sauver son unité.

jeudi 10 octobre 2013

Le soleil se lèvera-t-il demain ?



Question incongrue ? Tout incite à penser que oui, le soleil se lèvera demain… comme il l’a toujours fait depuis la nuit des temps, quel fou oserait soutenir l’inverse ?… Et pourtant ! Il n’y a aucune contradiction dans l’idée que le soleil ne se lèvera pas demain, la certitude que nous éprouvons n’est que l’effet d’une habitude tellement ancrée en nous qu’elle semble définitivement immunisée contre le doute. Cette idée a pour la première fois été formulée par le philosophe anglais David Hume au XVIIIème siècle Voilà le genre d’agression contre le sens commun dont la philosophie se rend régulièrement coupable… de la philosophie pour philosophes, coupeurs de cheveux en quatre, preneurs de têtes, pinailleurs professionnels… Une autre version plus récente de la même idée est plus troublante : Imaginez que vous soyez une dinde que l’on nourrit chaque jour de son existence pour la manger à Noël. De votre point de vue de dinde, on vous nourrit aujourd’hui comme on vous nourrira demain, cela ne changera jamais, chaque jour qui passe renforçant cette idée. La dinde est tranquille et sereine… or nous sommes la veille de Noël ! (cf ; N.N. Taleb, Le cygne noir).
Ne ressemblons-nous pas à cette dinde, tranquillement assis sur les certitudes qui donnent un sens à notre vie ? Le hasard, la complexité et l’instabilité n’entrent pas facilement dans nos anticipations, nos prévisions et notre compréhension du cours des choses… et pourtant ils en constituent sans doute les facteurs les plus déterminants ? Et que dire du fait que nous ne croyons même pas à ce que nous savons pourtant très bien : la catastrophe écologique globale. Notre besoin de sens, de cohérence, de stabilité nous amène à ignorer le hasard, la chance, et tout ce qui ne colle pas avec les belles histoires que nous nous racontons…