Autrefois pour militer on allait manifester, on assistait
à des réunions, on distribuait des tracts,… Aujourd’hui, c’est plus pareil, ça
change, ça change,… bien assis dans son canapé Ikéa, en un click, on peut
protester contre la déforestation, la culture des OGM, l’exploitation du gaz de
schiste, soutenir un intellectuel chinois, un condamné à mort étatsunien, ou un
bijoutier niçois, assassin à l’insu de son plein gré,… Ce néo-militantisme en
chambre à un nom - le slacktivisme –, et des experts qui analysent le taux d’engagement d’une pétition (le
nombre de personne qui la font suivre à leurs contacts), ou le taux de transformation en real life (le
nombre de personnes qui passent à l’action physiquement).
Mais l’idée d’engagement implique une mobilisation, un
effort intellectuel et physique, donc du temps passé à s’informer sur la cause
que l’on défend, sur les arguments de ses adversaires, se rendre à des
réunions, participer à des actions matérielles,… A défaut de ces critères, il
n’y a que l’expression d’une opinion, réduite à sa plus simple expression,
l’action d’opiner, « liker » : terme protéiforme qui englobe
aussi bien le soutien à une cause juste, l’appréciation des photos en ligne de
ses potes, l’évaluation d’un service ou d’une marchandise, un jugement sur un
film, une émission ou un livre… Bref le slacktivisme serait-il un
symptôme ? La colonisation de tous les aspects de la vie par le
néo-marketing ? Un indice : les pages facebook de soutien à telle ou
telle cause ont évidemment une valeur marchande proportionnelle au nombre de
« likeurs »…