Le PDG de Titan, c’est le M. Sylvestre de la World Company,
un bouffon cynique qui ne s’encombre pas de circonvolutions langagières pour
appeler un chat un chat : les « fromages qui puent » - les
Français – veulent à la fois être bien payés, en foutre le moins possible, et
s’empiffrer comme les autres au banquet mondial du pillage général des
ressources matérielles et humaines. La fierté nationale s’indigne face à une caricature
aussi grossière : Comment osez-vous, le Yankee, critiquer les travailleurs
français, si « compétitifs »,
« productifs », « innovants », etc… ?
Et s’il y avait, derrière la provocation haineuse, un
fond de vérité ? Mais si l’homo gallicus voulait le beurre, l’argent du
beurre et la crémière en prime, ne serait-il pas alors l’achèvement suprême de
l’homo œconomicus, calculateur rationnel certes, mais écartelé entre les
intérêts contradictoires de ses multiples personnalités - producteur, épargnant,
consommateur, contribuable et usager :
- Je
veux être payé le plus possible, en travaillant le moins possible ;
- Je
veux que mon assurance-vie, mon plan retraite ou mon petit portefeuille
d’actions, me rapportent le plus possible ;
- Je
veux consommer le plus possible, aux prix les plus bas possibles ;
- Je
veux payer le moins possible d’impôts tout en bénéficiant des meilleurs
services publics.
Cette brochette de désirs, irrépressibles mais mutuellement
incompatibles, fait-elle de nous, les individus adaptés, des schizophrènes économiques ?
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