jeudi 14 février 2013

Comment peut-on décider pour autrui ?


Décider pour soi, c’est l’acte libre ; décider pour tous, c’est l’acte politique ; mais décider pour autrui, n’est-ce pas l’acte éthique par excellence ? Au nom de quelle autorité, de quelle(s) valeur(s) peut-on décider de ce qui est bon pour un(e) autre ?
Le mariage, la prostitution, la drogue, le voile, les mères porteuses… autant de cas où le législateur, appuyé par l’opinion publique, se met en position de décider pour d’autres de ce qui est bon pour eux. Il est vrai que la démocratie républicaine à la française se fonde sur une vision de la société unifiée, homogène, structurée par des institutions stables et inamovibles (la famille, l’école, la laïcité,…) et une culture commune, ainsi la visée d’une normalisation des conduites s’en trouve pleinement justifiée. Bref, de même que les parents décident pour leurs enfants ou les proches pour un grand malade, les normaux décident pour les anormaux, dont l’anormalité, toujours quelque peu monstrueuse, menace l’ordre de la société.
Cela nous semble tellement naturel que nous ne voyons même plus le problème éthique que cela pose : décider pour un autre qui n’est ni mineur ni malade, c’est nier de fait son autonomie, disqualifier sa conception de la vie bonne, dévaluer sa capacité à mesurer les conséquences de ses actes. Nous nous gargarisons de liberté et de démocratie, pourtant nous trouvons parfaitement normal que, dans les entreprises, les investisseurs en capital décident unilatéralement pour les investisseurs en travail, que les hétéros décident pour les homos, que les chrétiens et les athées réconciliés décident pour les musulmans, que les normaux bien-pensants décident pour les anormaux, les putes et les marginaux.
Deux principes minimaux pour vivre ensemble dans une société désormais plurielle, composée d’individus aux identités multiples et changeantes :
1)    Agir de façon à éviter de nuire objectivement à autrui.
2)    S’abstenir de décider pour un autre sans délégation exprès de sa part.

1 commentaire:

  1. Mon cher Claude,
    Pour une fois, je ne me référerai pas au Revenu de Base dans cette réponse.
    Je ne comprends pas ton interrogation. Il me semble que tu donnes la réponse dans ta première phrase : « décider pour tous, c’est l’acte politique ».
    Dans « tous », tu inclues automatiquement autrui.
    Tout ce que tu évoques : « Le mariage, la prostitution, la drogue, le voile, les mères porteuses… autant de cas où le législateur, appuyé par l’opinion publique, se met en position de décider pour d’autres de ce qui est bon pour eux »
    Nous sommes paraît-il en démocratie et le législateur dont tu parles est un parlement démocratiquement élu qui « parle » au nom de tous, même de la minorité.
    Je ne comprends donc pas ta position et surtout, je ne comprends pas comment on pourrait faire autrement.
    En bref que proposes-tu ? Quelle serait ton alternative ?

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