jeudi 17 janvier 2013

Mariage et filiation, qu'est-ce qui est naturel ?



Il n’y a pas de débat à propos du mariage pour tous, mais l’affrontement de deux points de vue inconciliables et irréconciliables, dont les argumentaires s’appuient paradoxalement sur le même axiome : en matière de mœurs, la nature doit guider le droit.
-       D’un côté, il y aurait une évolution « naturelle » des mœurs à laquelle il faut s’adapter qu’on le veuille ou non ;
-       De l’autre côté, il y aurait des normes « naturelles » qui s’imposent à nous, qu’on le veuille ou non.
Deux naturalismes se font face : l’un évolutionniste, l’autre fixiste. Que faut-il en penser ?
Je fais partie de ceux qui pensent que poser le débat dans ces termes est stérile et surtout fallacieux, car un acquis essentiel des sciences humaines depuis un siècle a justement consisté à montrer qu’en ce qui concerne les sociétés humaines, il n’existe pas de normes « naturelles » (cf le lien avec l’anthropologue Françoise Héritier). Autrement dit, les formes possibles de la conjugalité et de la parentalité sont extrêmement diverses.
Peut-on introduire un peu de complexité quand le débat tourne à l’hystérie collective ? Peut-on refuser l’alternative binaire entre deux conceptions de la filiation ? L’une, ultra-libérale, affirme que rien ne doit limiter le droit à l’enfant pour tous -, l’autre, bouchère, se réclame à la fois de la bible et du bon sens : il faudra toujours un taureau et une vache pour faire un veau.

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