Il n’y a pas de débat
à propos du mariage pour tous, mais l’affrontement de deux points de vue
inconciliables et irréconciliables, dont les argumentaires s’appuient paradoxalement
sur le même axiome : en matière de mœurs, la nature doit guider le droit.
- D’un
côté, il y aurait une évolution « naturelle » des mœurs à laquelle il
faut s’adapter qu’on le veuille ou non ;
- De l’autre
côté, il y aurait des normes « naturelles » qui s’imposent à nous, qu’on
le veuille ou non.
Deux naturalismes se
font face : l’un évolutionniste, l’autre fixiste. Que faut-il en penser ?
Je fais partie de
ceux qui pensent que poser le débat dans ces termes est stérile et surtout fallacieux,
car un acquis essentiel des sciences humaines depuis un siècle a justement consisté
à montrer qu’en ce qui concerne les sociétés humaines, il n’existe pas de
normes « naturelles » (cf le lien avec l’anthropologue Françoise
Héritier). Autrement dit, les formes possibles de la conjugalité et de la
parentalité sont extrêmement diverses.
Peut-on
introduire un peu de complexité quand le débat tourne à l’hystérie collective ?
Peut-on refuser l’alternative binaire entre deux conceptions de la filiation ?
L’une, ultra-libérale, affirme que rien ne doit limiter le droit à l’enfant
pour tous -, l’autre, bouchère, se réclame à la fois de la bible et du bon sens :
il faudra toujours un taureau et une vache pour faire un veau.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire