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de cette formidable modernité qui ne laisse pas de nous surprendre : une
certaine Catarina vient de vendre sa virginité aux enchères pour la coquette
somme de 780 000 dollars, « pour aider les mal-logés ». Comment
n’y avait-on pas pensé plus tôt ? Si l’on met de côté une philanthropie
qui sent l’arnaque à plein nez, il reste un calcul rationnel qui laisse pantois.
Faut-il en rire ou en pleurer ? Blâmer ou louer l’oie blanche ? Mais
au fond, n’est-elle pas propriétaire de son corps ?
Cette question
est de celles qui provoquent des crampes mentales. Il faut dire qu’elle est
contaminée à la fois par une métaphysique implicite et par une confusion grammaticale.
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Nous
« avons » un corps comme nous « avons » une voiture ou une
télé. Il y aurait donc « moi » d’un côté, et ce que j’« ai »
de l’autre – écoutez comme « je suis un corps » sonne bizarrement. Une
métaphysique dualiste est comme enkystée à notre insu dans notre langage, qui
sépare un « moi », esprit ou âme, d’un corps qui apparaît comme un
objet à sa disposition.
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Quant
à la propriété, elle relève de l’être :
la virginité est une des propriétés
du corps de Catarina, comme son poids ou sa taille, qui font qu’il est un corps
singulier. Mais elle relève aussi de l’avoir, une propriété qui a une valeur d’échange : Catarina valorise sa
virginité comme d’autres leur plastique, leur savoir-faire, leurs bons du trésor
ou leurs lingots. La virginité relève à l’évidence du premier genre de propriété, mais comment peut-elle
relever du second ? En tant que propriété
cessible, la virginité devrait pouvoir être établie objectivement, ce qui est impossible.
Je prétends
donc 1) que nous ne sommes « propriétaire » de notre corps qu’en un
sens métaphorique, 2) que la virginité relève de l’être et non de l’avoir – ce qu’atteste
d’ailleurs le fait qu’« avoir une virginité » ne fait pas partie de
notre langage. Catarina vend donc une « chose » qu’elle ne « possède »pas,
et qui a perdu toute valeur symbolique avec la libération sexuelle. Escroquerie
géniale ou naïveté extrême ? Merci à toi Catarina pour cette performance au
sens artistique, qui met à nu - pourrait-on dire - la grande lessiveuse
capitaliste qui réduit toutes les valeurs à une seule : le prix.
Mon cher Claude,
RépondreSupprimerElle est trop drôle cette Catarina bella chi-chi !
Si la petite « Marie », en mal de logement, obligée d’accoucher dans une crèche entre deux bestiaux avait vendu sa miraculeuse virginité au bénéfice de ses coreligionnaires SDF, nos tabous judéo-chrétiens auraient peut-être été bouleversés… qui sait ? : le mariage pour tous (prochaine conversation) sans polémique, la liberté sexuelle et la prostitution autorisées ainsi que l’avortement, l’euthanasie, etc. etc.
Un rêve de mécréant ?
Tout cela sent le fagot !