jeudi 29 novembre 2012

Qu'est-ce qu'un parti politique ?


L’explosion en vol de l’UMP et la remise du rapport Jospin de « rénovation de la vie publique » remettent à l’ordre du jour la réflexion sur notre démocratie. Ces deux évènements nous rappellent opportunément que la démocratie est un système de gouvernement idéal – pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple – dont les gouvernements dits « démocratiques » se rapprochent ou s’éloignent plus ou moins. Par ailleurs, la « démocratie de partis » n’étant qu’une des multiples formes de démocratie, avec ses qualités et ses défauts, l’actualité remet à l’ordre du jour une question dont la réponse ne va pas de soi : qu’est-ce au juste qu’un parti politique ?
Plutôt qu’une définition abstraite, il vaut mieux à mon avis procéder par comparaison avec les trois principales formes de groupes humains constitués : l’entreprise, l’Eglise, l’association, ou sous leur forme négative la mafia, la secte, le clan.
-       Les grands partis politiques s’apparentent des entreprises dont le capital social s’évalue en nombre d’élus. De ce point de vue la captation et la conservation des postes de responsabilité sont l’essentiel de l’activité du parti ; les idées politiques sont au parti ce que la communication et l’image de marque sont à l’entreprise, enfin ces partis sont en concurrence sur le marché électoral face à des électeurs-consommateurs.
-       Certains partis s’apparentent à des Eglises, soit directement comme les partis d’obédience religieuse, islamique ou chrétienne, soit de façon analogique, quand la Nation sacralisée - par exemple – a tous les attributs du divin transcendant. La prise du pouvoir prend alors l’allure d’un devoir impératif, et la propagande prend celle d’une conversion de masse. L’adversaire ne peut être qu’un ennemi, mécréant, traitre ou infidèle.
-       Enfin, certains partis ressemblent à des associations qui ont pour objet principal la promotion d’une idée, ou la défense d’une catégorie sociale. Leur objectif principal étant d’exister sur la scène publique, et de peser sur la discussion publique, la prise du pouvoir ou la captation de postes n’estt pour ce type de parti qu’un objectif secondaire.
A l’évidence, seuls les partis du troisième type sont proprement démocratiques, car ils alimentent la réflexion des citoyens et la discussion publique. Les deux autres formes de partis représentent un affaiblissement voire une perversion de la démocratie. Que pensez-vous de cette typologie ? A quelle forme rattacheriez-vous nos grands partis ? Peut-on diminuer la places des partis politiques dans notre démocratie ?

1 commentaire:

  1. Bonjour Claude
    Encore un sujet fort à propos !
    Je suis assez d'accord avec ta typologie :
    Le PS et l'UMP seraient des partis "Entreprises". Ils seraient les seuls à prétendre (pour l'instant) au Pouvoir (avec un grand P) avec néanmoins des alliances plus ou moins officielles et souvent fragiles. Voir ce qui se passe entre le PS et EELV et le FG. Ou entre l'UMP et l'UDI (maintenant)
    Si je te suis bien, la deuxième catégorie"Eglise" serait plutôt celle du Front National car, que je sache, dans notre France laïque on ne trouve plus de Démocratie Chrétienne (hormis peut-être Christine Boutin phagocytée par l'UMP ou ce qu'il en reste). Pourquoi le FN ? - C'est la sacralisation de la Nation. Du reste sa référence à Jeanne d'Arc en est un signe...
    Pour les petits partis de type "associatifs", effectivement, ils apportent des idées mais je ne pense pas, comme tu sembles le penser qu'ils soient plus démocratiques dans leur fonctionnement que les "grands parts" qu'ils ont tendance à (mal) copier. Pour ne prendre qu'un exemple que je connais bien (EELV), si les idées sont là, elles peuvent aussi disparaître sans autre forme de procès. Je pense évidemment à ce qui m'est cher : le Revenu de Base.
    Concernant les choix des dirigeants, même si cet évènement est passé aux oubliettes, je me souviens dans mon petit parti qu'Yves Cochet et Dominique Voynet en mai 2006 n'avait pas pu se départager (2 voix d'écart). l'UMP actuellement ou le PS lors du congrès de Reims n'ont donc rien inventé. Il y a eu aussi Al Gore-Bush...
    Il semblerait que ces votes à 50/50 de plus en plus fréquents soient explicables. J'ai entendu chez Taddéi un monsieur qui a tenté de nous l'expliquer. Je n'ai rien compris mais ça avait l'air intelligent...
    Quand à ta dernière question : je ne saurai pas y répondre à moins de revenir à une monarchie éclairée ou pas voire à une bonne vieille dictature. Mais, même avec des monarques comme en Angleterre, en Espagne, en Belgique ou ailleurs, les partis politiques ont encore leur rôle à jouer... Alors ???

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