Dernière crise
de panique morale : le mariage pour tous.
D’un côté les bigots réactionnaires de tout poil, de l’autre la bien-pensance
éclairée. Ma première impression : beaucoup de bruit pour pas grand-chose.
Après tout, qui rêve encore de mariage
aujourd'hui à part les couples homosexuels et les prêtres défroqués ? Mais à y regarder
de plus près, l'enjeu n'est peut-être pas si mince. Pour y voir plus clair, il
faut bien dissocier les problèmes : la reconnaissance sociale des couples
homosexuels, la question de l'homoparentalité, et celle du mariage « pour tous
».
1)
Tout
d'abord on ne se marie pas en tant qu'hétérosexuel, mais en tant qu'homme et
femme en vue d'un projet de vie commune. L'institution du mariage appuie ce projet
par un ensemble de droits, de devoirs, qui visent essentiellement à fonder une
famille, et donc à élever des enfants. Mais il est possible de dissocier ces
deux aspects, n'est-ce pas l'objet du PACS ?
Il
n'y a donc actuellement aucune discrimination, mais une définition du mariage
qui exclut le mariage entre personnes du même sexe, comme d'ailleurs entre
personnes ayant un lien de parenté. Le mariage « pour tous », si on
prend l'expression à la lettre, chamboulerait complètement ce dispositif :
pourquoi pas entre frère et sœur, père et fille, ou entre plus de deux
personnes ?
2)
Il
y a un autre enjeu de taille. Le mariage visait à l'origine à distinguer les
enfants légitimes dont la paternité était garantie, et il est toujours resté essentiellement
lié à la fondation d'une famille. Où est le problème ? L'apparition de la
fécondation médicalement assistée permet aujourd'hui à un couple marié de
réaliser un projet familial légitimé par l’union légale. Alors le mariage pour tous débouche de fait sur
un droit à l'enfant pour tous, qui,
s'il était refusé, constituerait une discrimination entre les couples
homme / femme et les couples mono-sexuels. Mais ce droit poserait à l’évidence
des problèmes éthiques extraordinairement ardus.
J’en conclus
donc que le mariage pour tous est
tout sauf une réforme anodine. Ce genre de questions ne devrait pas être laissé
à la discrétion du président et de sa majorité. Il devrait faire l’objet d’une délibération
publique, et d’un référendum.
Un référendum sûrement pas... Pourquoi pas revenir sur la peine de mort ?
RépondreSupprimerJ'ai lu le plaidoyer de Gilles Bernheim contre ce mariage "homo" http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2012/10/18/01016-20121018ARTFIG00522-le-grand-rabbin-de-france-s-oppose-au-mariage-homo.php
Ses arguments sont évidemment très intéressants et très bien documentés mais, comme les tiens, ils ne me conviennent pas ni me me convainquent....
Pour ma part, je ne me réfère qu'à ce que je vis ou aux différents témoignages que je peux recueillir. Celui des enfants d'homos, en particulier me paraissent dignes d'être entendus (si c'est encore disponible : http://www.franceculture.fr/emission-le-choix-de-la-redaction-enfants-de-couples-homo-2012-11-07 )
Pour ma part, je considère que cette institution (le mariage) est un droit et qu'il n'y a aucune raison de discriminer telle ou telle population à cause de son orientation sexuelle.
A partir du moment ou ce changement législatif ne retire rien à personne et qu'au contraire il supprime des inégalités de fait, j'ai tendance à y souscrire ne serait-ce que parce que je suis dans un pays dont la devise est "Liberté, Egalité, Fraternité".
En tant que "libre penseur", je peux difficilement réagir autrement.