L’explosion haineuse de Toulouse cache opportunément un mal plus profond, une catastrophe climatique morale : la négativité, le ressentiment et le pessimisme au cœur de toute l’offre politique. Il faut s’unir, certes, mais encore et toujours contre un ennemi qui s’appelle, selon les discours, « les marchés », « les banques », « les riches », « l’Europe », « la mondialisation », « les multinationales », « l’immigration », « l’islamisme », « les assistés »,… Le face à face entre la droite et la gauche se résume au fond à un glissement sur un axe à deux pôles : à droite la cupidité, l’accumulation effrénée, à gauche l’imposition, la con-fisc-ation sans limite. Soit : la prédation privée contre la préemption publique, sur fond de gaspillage généralisé.
Comment sortir de cette dialectique morbide qui lie en fait la cupidité à la confiscation – il faut plus de riches pour qu’ils paient plus d’impôts. La domination du capital ou la soumission à l’Etat ? Qui oserait proposer un changement de paradigme : la générosité comme valeur républicaine suprême ?
La générosité englobe les trois valeurs républicaines : la liberté - car donner est un acte essentiellement libre - ; l’égalité – car chaque individu a quelque chose à donner, et la valeur du don est inversement proportionnel à la richesse du donneur - ; la fraternité – car le lien entre ceux qui donnent et ceux qui reçoivent est autrement plus fort qu’entre ceux qu’on impose et ceux qui touchent des allocs.
Dans une société riche où les besoins primaires sont garantis, il faudrait penser une économie du don et de la gratuité comme alternative à l’économie de la prédation, une contribution sociale sous forme de don comme alternative à la préemption étatique, une éducation du don comme alternative à la compétition généralisée de tous contre tous. Une vie accomplie n’est-elle pas une vie où l’on a donné tout ce qu’on pouvait donner ?
Première réforme dans ce sens : déterminer un part substantielle de l’impôt sous forme de don volontaire à une institution ou une association de son choix. La générosité publique plutôt que la con-fisc-ation étatique.
Combien de générations faudrait-il pour une telle révolution anthropologique ?
A vous lire,
Claude