Le campisme est
une façon de penser, simplificatrice et binaire, consistant à partager le monde
en deux « camps » absolument irréconciables, comme au temps de la
guerre froide. Le campisme repose sur
trois principes d’autant plus redoutables que chacun les comprend
parfaitement : 1) il y a un ennemi avec lequel aucune concession n’est
possible - le camp du Mal -, 2) les amis de cet ennemi sont des ennemis, 3) les
ennemis de cet ennemi sont des amis. La gauche est plus encline que la droite à
la pensée campiste, car elle a une
tendance historique à se voir comme le camp du Bien.
Mais faut-il toujours critiquer le campisme ? N’y a-t-il pas des
idéologies ignobles et des actes intrinsèquement mauvais ? Il semble bien
alors qu’un camp du Bien doit s’opposer aux idéologies et aux dictatures refusant
les droits humains élémentaires aux personnes en fonction de leurs opinions,
leur origine, leur sexe, leur orientation sexuelle : le fascisme, le
racisme, le totalitarisme, l’Apartheid. De même, il doit condamner sans nuance
les actes de terrorisme visant des civils, quels qu’ils soient, et encore plus
si des femmes sont violées, des enfants tués. Mais ce n’est pas du campisme car il ne s’agit pas de
glorifier un camp du Bien ou de simplifier une réalité complexe, c’est le camp
de la civilisation contre la barbarie, le camp de l’humanisme élémentaire, le
camp de la vie. En dehors des idéologies mortifères, en dehors de dictatures
impitoyables réprimant brutalement toute opposition, en dehors d’actes cruels
accomplis au nom de ces idéologies ou des ces dictateurs, pour déshumaniser,
torturer, tuer, mutiler, violer, des civils, en dehors de cela, il faut tenter
de comprendre une réalité complexe, qui est rarement en noir et blanc, mais le plus
souvent en gris plus ou moins foncé. Dans ces cas, il faut s’engager fermement
contre la barbarie, tout en refusant la pensée simplificatrice, généralisante
et sans nuances.
Aujourd’hui le campisme
est revenu comme au temps de la Guerre froide. Porté par la bienpensance de
gauche, l’autoproclamé « camp du Bien » est pro-palestinien et
anti-sioniste. Cette pensée binaire, simpliste, généralisante et sans nuances, se
fonde sur ces 3 principes : 1) Israël est un Etat indigne d’exister, 2)
les amis d’Israël sont des ennemis, 2) les ennemis d’Israël – le Hamas et le
Hezbollah - sont des amis. Peu importe les actes abominables du 7 octobre, peu
importe que le Hamas soit une organisation islamo-fasciste qui a sacrifié son
peuple au nom du Jihad, peu importe les millions de juifs chassés d’Europe et
des pays arabes qui ont trouvé refuge en Israël, peu importe qu’Israël, une petite
démocratie avec une forte opposition interne soit entourée d’organisations visant
sa disparition et d’Etats arabes autoritaires hostiles sans opposition interne.
Pour les nouveaux campistes, Israël est
le camp du Mal et le sionisme une forme de néofascisme, un sceau d’infamie
disqualifiant immédiatement quiconque ose soutenir l’existence d’Israël et critiquer
la stratégie suicidaire du Hamas contre son propre peuple. Ce néocampisme n’est rien d’autre au fond
qu’une nouvelle version du vieil antisémitisme de gauche.
Mais n’en déplaise au camp du Bien autoproclamé, Ie
sionisme désigne simplement le droit des juifs d’avoir un Etat, conformément à
la résolution solennelle de l’ONU en 1948, ce qui n’exclut aucunement le droit
des Palestiniens d’avoir eux-aussi un Etat, ce qui ne dédouane aucunement le
gouvernement israélien de sa responsabilité concernant les droits élémentaires
des civils palestiniens.